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  • Photo du rédacteurJulie Guinony

Scène de la vie (semi)confidienne - #79

Parmi les jolies choses générées par cette drôle de vie, il y a ces rendez-vous sur Zoom tous les lundis, où l'on prend part aux cours de posture et mieux-être dispensés par... sa prof de danse de-quand-on-était-jeune.


En temps normal, Isabelle donne ses cours dans un studio à Paris. Avec la fermeture des salles, elle a franchi le fossé numérique qui la tenait un peu à distance d'un monde passé au virtuel en accéléré et développé ses séances en visio, que ses élèves parisiennes suivent avec assiduité.


Entre Toulouse et la capitale, il n'y avait plus qu'un pas - de danse - numérique à esquisser pour être là aussi, plus de vingt ans après avoir été son élève.


Chez elle à Paris, ou chez son fils dans la Drôme, Isabelle dispense ses cours deux fois par semaine.



Sa pédagogie n'a pas changé : précise, exigeante, nourrie de techniques auxquelles elle continue de se former - en ce moment, celle du "safe floor" mise au point par un danseur pour se rééduquer après une blessure.


Comme avant, rien ne lui échappe : en séance, alors qu'elle nous voit sur des vignettes de trois centimètres sur deux, elle repère pied mal placé, bras trop tendu, ou autre genou trop plié. "Quarante de pratique ! dit-elle en riant. Vous porteriez une combinaison de ski que je repèrerais ce qui ne va pas quand même !"

En marge du cours, elle met à disposition des vidéos pour favoriser l'appropriation des exercices. A l'issue de l'heure, elle propose un temps d'échange pour revenir sur ce qui n'a pas été assimilé.


Des explications précises, un corps délié, et l'humour, toujours.



Comme avant, ses explications sont truffées d'images pour aider à la compréhension. Elle dit des choses comme 'imaginez que vous avez un rat derrière l'épaule' pour que l'omoplate s'isole du reste du dos ; 'faites un grand mouvement de bras, comme si vous ouvriez un rideau très lourd' pour gagner en amplitude ; 'expirez comme si vous vouliez faire de la buée sur une fenêtre' pour souffler en profondeur.


A la fin du cours, qui se passe entièrement au sol, elle conclut joliment ainsi : "Tel un bijou qu'on aurait volé et qui retrouverait son écrin, revenez à la position initiale et prenez conscience de tous les points de contact de votre corps avec le tapis."


A l'issue de ces deux heures qui filent à toute allure, on retrouve verticalité et tonus avec le sentiment de ne pas avoir fourni d'effort. Et l'on ressent un bonheur profond d'avoir pris un cours avec sa prof de toujours, devenue amie. Tacitement, nous attendons l'une et l'autre que les élèves quittent le studio virtuel pour nous retrouver en tête-à-tête pour un brin de causette. Comme avant.




(c) Quovidis / JA

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