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  • Photo du rédacteurJulie Guinony

La vie désordinaire - #3

Couturière bénévole, Marie-Annick contribue à

« l’effort de guerre »


Comme Michelin, Hermès ou Le Slip français, la crise du coronavirus l’a amenée à revoir son modèle économique. Marie-Annick, 70 ans, des doigts de fée et un cœur gros comme ça, n’a pas attendu le message du gouvernement sur un éventuel port obligatoire pour s’atteler à la confection de masques : depuis plusieurs semaines déjà, dans l’atelier qu’elle s’est aménagé au deuxième étage de sa maison, elle contribue à « l’effort de guerre » et découpe, assemble, coud.


L'unité de production de masques de Marie-Annick. (c) Quovidis.

En temps normal, cette retraitée de 70 ans participe à un atelier de couture chaque mardi. C’est aussi une ‘super bénévole’, impliquée dans plusieurs associations. Responsable départementale des Restos du cœur pour l’Allier pendant plusieurs années, elle en assume aujourd’hui la mission d’aide à la personne. Elle est également investie dans l’association ‘Pas sans Toit’, qui a pour but d’aider aux démarches administratives et de procurer un logement à ceux qui n’en ont pas. Enfin, elle est responsable de Sekoly, une association qui prend en charge la scolarité des enfants malgaches dont les familles ne peuvent en assumer les frais, par un système de parrainage et de dons.


Pour que toutes ces activités fonctionnent, il faut donc… de l’argent. Pour les Restos ou Pas sans Toit, Marie-Annick organise des événements comme des concerts. Et pour Sekoly, elle coud. Des calendriers de l’Avent, des décorations pour les sapins, des doudous pour les bébés, des cotons à démaquiller lavables - une face tissu, une face éponge -, des vêtements de poupée… qu’elle vend sur les brocantes et les marchés de Noël. Ses productions sont si minutieuses et originales qu’elles connaissent à chaque fois un beau succès. L’argent des ventes est entièrement reversé à l’association.


Avant, Marie-Annick cousait des poissons. (c) Quovidis.

Avec le coronavirus, et les mesures prises qui y sont liées, tout a été bouleversé. Plus de concerts à organiser, plus de brocantes où vendre les petits objets en tissu. Qu’à cela ne tienne : Marie-Annick, comme beaucoup d’autres couturièr.e.s professionnel.le.s et bénévoles, s’est mise à confectionner des masques aux normes AFNOR.

Entre la baisse de l’activité économique, et le besoin urgent de protections, une entreprise locale spécialisée dans la confection de vêtements professionnels a revu sa production. Pour augmenter son rendement, elle a fait appel aux bonnes volontés un peu douées de leurs dix doigts. Informée du besoin par un collègue des Restos salarié de cette entreprise, Marie-Annick s’est portée volontaire. En quelques semaines, elle a cousu une centaine de masques à partir des matériaux fournis par la société, qu’elle lui a renvoyée ensuite. Les masques sont dispatchés auprès des populations prioritaires, comme les commerçants ou certains soignants.


Des masques AFNOR pour les professionnels et des masques à fleurs pour la tribu. (c) Quovidis.


Maintenant qu’elle en maîtrise le savoir-faire, elle en fabrique pour sa tribu. Elle respecte les trois épaisseurs requises, pour une protection optimale : un tissu épais, un tissu éponge, un tissu doux. Le résultat est absolument ravissant : ses masques feraient presqu’un nouvel accessoire de beauté, au même titre qu’un chapeau, un foulard ou un sac à main. Elle les expédie, aux uns, aux autres, et fournit également ses collègues des Restos chargés de la distribution alimentaire, où elle ne peut plus aller, pour cause de limite d’âge atteinte dans le contexte de l’épidémie. Et comme avec toutes ces activités en suspens, elle a plus de temps, elle anticipe sur les marchés de Noël et les brocantes à venir en confectionnant de nouveaux objets. « Moi qui suis toujours en retard pour mes confections, pour une fois, je travaille en amont ! », dit-elle, en souriant.


Masque ou sac à main ? (c) Quovidis.

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