Avant-propos
André, c’est notre grand-père, à Anne et moi, auteures de ce blog. Le 1er mai, toute sa famille - quatre enfants, quinze petits-enfants, dix-sept arrières petits-enfants, et les conjoints - aurait du être réunie pour une cousinade autour de lui. Confinement oblige, elle a été reportée.
En attendant de se revoir, nous pensions lui dédier un article. Finalement, il tient lui-même une chronique dont il a choisi le nom : "Propos d’un confiné vulnérable".
A travers huit épisodes au ton facétieux ou féroce, selon l’humeur et le sujet traité, André partage son quotidien de grand confiné. Une situation qui ne l’empêche de vaquer à ses occupations, et d’être débordé, comme à l’accoutumée.
Si vous avez manqué le premier épisode :
Propos d'un confiné vulnérable - #2
par André
Une matinée bien remplie
Après une bonne nuit, les yeux s'ouvrent spontanément vers 7h30/8h. Première activité, ouvrir les volets (13), déverrouiller les portes (4), monter et descendre les escaliers (3 niveaux). Épuisé par cet intense effort physique, je me mets à table pour le petit déjeuner, qui n'a de petit que le nom : jus de fruit, charcuterie, fromage, yaourt, compote, fruit. J'écoute à la radio les nouvelles de la nuit : les mêmes que celles de la veille, assorties de commentaires sans intérêt d'auditeurs variés qui se plaignent, ou d'experts auto proclamés qui ne savent rien.
Réception du repas du jour, déposé dans mon entrée par une charmante livreuse dont je n'entends que la voix. Bien lesté, je peux me remettre au lit... pour la gymnastique matinale : 15 à 30 minutes de mouvements, indiqués par divers kinés, spécialement pour le dos et les jambes. Puis séance d'auto-massage : tout ce que je peux atteindre a droit à mes soins attentifs. Je me suis aperçu que depuis que je ne peux plus me rendre chez le kiné, mon dos va beaucoup mieux avec ce régime personnel : moins de douleur, un peu plus de souplesse. J’enchaîne mes escaliers sans problème.
Tout ceci m’entraîne à près de 10 heures. C'est l'heure de la toilette. Comme je ne me suis pas sali la veille, ni les autres jours, je mets beaucoup de temps à découvrir des endroits sales et méritant mon intervention. Seule la chevelure me pose des problèmes : je devais me rendre chez le coiffeur au début du confinement. Mes cheveux en profitent, s'ils ne s'épaississent pas, du moins ils s’allongent sans crainte. Mes oreilles commencent à être couvertes, bientôt les épaules. Peut-être devrais-je laisser pousser barbe et moustache ?
Je suis arrivé aux alentours de onze heures, l'heure du journal. Je peux lire La Montagne sur l'ordinateur. Après avoir consulté le nombre de morts de la nuit, je vérifie que je ne suis pas dans les avis de décès, puis je lis la chronique d'Alexandre Vialatte. La Montagne a eu l'idée fameuse de redonner ses chroniques de 1966 et 1967 : c'est un régal ! Elles ont été éditées en ouvrage ; si vous les trouvez, achetez-les vite.
11 h 30 : entretien de la maison, petit bricolage, souvent remis au lendemain car je suis débordé : il est temps de se mettre sérieusement à table.
A suivre.
La vue depuis le salon du confiné vulnérable. (c) André R.
J attends la suite avec impatience!!!