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  • Photo du rédacteurJulie Guinony

Rencontre avec un (dé)confiné - #5 : Adrien

Comment vit-on la crise du Covid-19 quand on a vingt ans ? Fan de skate-board et de kendama, amateur de soirées entre amis, Adrien est aussi étudiant à Bordeaux en DUT Génie civil et construction durable. Mèche sur l’œil et sourire en coin, le jeune homme raconte ses journées de confiné et son déconfinement en cours. Avec décontraction et lucidité.



Dis, tu es où et avec qui ? Et pendant le confinement, tu étais où et avec qui ?

Le week-end qui a précédé l’annonce officielle du confinement, je suis rentré chez mes parents qui habitent à la campagne, au nord de Toulouse. Ma copine est venue avec moi, et ma sœur et son copain, tous les deux étudiants, étaient là aussi. On était six, sept avec le chat. Depuis le déconfinement, je suis reparti à Bordeaux. J’ai retrouvé mon appartement et mes amis.


Tu t’habilles différemment que pendant le confinement ?

Pendant le confinement, j’étais en short ou en survêtement tous les jours. En même temps, je n’avais pas trop l'occasion de faire une fête ou aller boire un coup dans Toulouse : short et T-shirt, c'est plutôt sympa quand on est chez soi. Depuis le déconfinement, eh bien, regarde : je mets des pantalons. J’ai même remis du parfum pour la première fois le soir du 11 mai, pour sortir.


Avec le déconfinement, quel est le premier endroit où tu t’es rendu ? Et les premières personnes que tu es allé voir ?

Ce soir-là, la première personne que j’ai vu, c’est Simon, un pote de lycée. Je suis allé le chercher chez ses parents et ensuite nous sommes allés acheter une poule d’ornement dans une jardinerie. On voulait l’offrir au copain qui nous accueillait pour la soirée, à Blagnac. Il nous avait parlé de son amour pour les poules, alors on l’a pris au mot. Il a bien aimé notre cadeau, sauf qu’il vit en appartement et que son père n’était pas d’accord pour garder la poule. Du coup, je l’ai rapportée chez mes parents. Elle s’appelle Simone et mon père lui fabrique un poulailler. Simone marque le début de notre déconfinement !

Tu appréhendais ce déconfinement ?

Non, pas vraiment, au contraire : cela m’apporte du soulagement. Ce qui m’a le plus frustré, c’était de ne pas voir les copains, même si, chez les parents, on n’avait pas à se plaindre, car ils ont une maison avec un jardin et une piscine et qu’on était tous ensemble. Maintenant, même si la liberté est relative et qu’il faut rester vigilant, on peut revoir les amis.


Comment t’es-tu occupé pendant le confinement ?

Chez mes parents, comme nous étions six, nous avons beaucoup fait des jeux de société et des jeux de cartes comme la belote et le tarot. Nous avons aussi joué aux fléchettes, au molki... Je fais aussi beaucoup de kendama, une sorte de bilboquet.

J'ai regardé quelques films, comme toute la saga Star Wars, Matrix, X-Men... et même de vieux Disney pour la nostalgie comme les premiers Mickey, mais aussi Aladin ou le Roi Lion. De temps en temps, je regardais aussi une série humoristique qui se nomme The Office. Ce que je ne fais pas habituellement, car j’ai le sentiment de perdre mon temps.

Avec ma copine, j'ai aussi découvert un jeu sur ordinateur en mode coopératif qui s’appelle Portal 2, c'était un jeu d’anticipation et de stratégie très amusant. C’est tellement bien qu’on a fini le jeu à deux et en solo.

Et j'ai aussi construit de mes propres mains deux bracelets pour ma douce aimée !


Le kit du confiné qui déconfine d'Adrien.


Comment se sont passés tes cours pendant le confinement ?

C’était plutôt bien organisé. Pendant trois semaines, les professeurs ont donné des cours en vidéo conférence qui se déroulaient plutôt bien dans l'ensemble. Ensuite, j’aurais du partir en stage, puis finir l’année avec mon projet d’étude. Avec le confinement, l’organisation a été perturbée : les périodes de stage et de projet d’étude ont été interchangés.

Mon projet a porté sur l'étude de la ferme n°4 de la charpente de Notre-Dame de Paris. La ferme, c’est la partie qui soutient la couverture en plomb. Au total, il y en a une vingtaine et chacune d’elles est différente à cause des différentes rénovations réalisées en 800 ans. Ces rénovations impactent la modélisation, les calculs, le dimensionnement final de la structure. Le matériau imposé était le chêne vert, ce qui a créé une problématique portant sur le taux d’humidité qu’il faut évidemment prendre en compte dans les calculs !

C’est un projet qu’il fallait mener à quatre : comme l'entente dans le groupe était bonne, le travail fourni est parfait :-) ! En tout cas, comme c’est un sujet très enrichissant, ça a occupé mon temps sans difficulté.

Nous avons soutenu le projet mardi 12 : nous étions tous les quatre en visio, chacun chez soi, face à un jury en vidéo aussi, composé de quatre profs de l’IUT. Nous avions préparé un diaporama. La soutenance a duré 45 minutes et ça s’est super bien passé. Le jury a posé peu de questions car visiblement, notre travail était complet :-)  ! Ce projet est fictif mais l’étude sera conservée par le laboratoire de recherche de l’IUT, qui travaille sur la réfection de Notre-Dame. On était plutôt fiers !


Comment ça se passe pour toi maintenant ?

Mon année scolaire est finie, et je ne ferai pas mon stage : l’entreprise fonctionne mais elle n’a en revanche pas la possibilité de m’accueillir car ses locaux sont petits et les distance de sécurité ne peuvent pas être respectées.

Je cherche donc du travail pour l’été : j’ai postulé dans un restaurant à Toulouse, reste à savoir quand les réouvertures seront autorisées. C’est l’expectative.


Qu’est-ce-qui t’a le plus manqué ces derniers mois ?

J’avais prévu d’aller au Festival International des Sports Extrêmes à Montpellier qui devait se dérouler fin mai. Il a été reporté en août mais je n’y crois pas trop : c’est un événement qui accueille normalement énormément de public. C’est un peu de frustration pour moi car c’est un moment que j’attends.

Mais ce qui m’a manqué le plus, ce sont les skate parks où je retrouve les copains après les cours quand il fait beau. On se vide la tête en allant rouler tous ensemble. Maintenant que je suis de retour à Bordeaux, je passe mon temps au skate parc en plein air.


Pendant le confinement, as-tu trouvé des moments pour rester seul ?

Quand ma copine et le copain de ma sœur sont repartis chez leurs parents, et avant de rentrer à Bordeaux, j’ai eu du temps pour moi. Ça fait aussi du bien d'être seul et ne pas avoir constamment du bruit, du mouvement dans la maison, même si l’ambiance était légère et qu’on a bien rigolé.

J’ai retrouvé ma tranquillité, j’étais plus disposé à réfléchir à mon avenir. Je suis en attente de réponse pour deux choix pour mes études : une licence génie civil, dans la continuité de ce que je fais, ou une licence professionnelle en construction bois, en alternance.


Pendant le confinement, as-tu pris du poids ?

Avec tous les bons petits plats que nous avons concoctés, c’est possible, mais comme ce n’est pas ma préoccupation principale, je n’en sais rien.


Si tu veux ajouter quelque chose…

Je garde ma légèreté au quotidien, j’ai peur pour mes parents mais pas pour moi. Je pense surtout aux pays qui n’ont pas les moyens de faire face à la pandémie. Ici, nous devons continuer de faire attention aux autres.



Simone, la poule d'ornement, mascotte du déconfinement.



(c) Adrien D / Marie-Odile D.

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