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  • Photo du rédacteurJulie Guinony

La minute de Nimportnawak - #7


Pratiques occultes chez Playmobil


Comme chez Renault pour les humains, c’est la grogne sociale chez les figurines en plastique de Playmobil.


Il y a un mois, la maison-mère avait lancé la fabrication de masques pour contribuer au ralentissement de la pandémie et faire face aux pénuries. La population des Playmobil étant elle-même touchée par le Covid-19, elle avait craint une manœuvre de la direction visant à suspendre s a production afin de casser les chaînes de contamination (voir notre précédent article). Suite à des échanges avec le syndicat des Playmobil en colère, la direction du groupe Brandstätter avait été rassurante, affirmant ne pas vouloir remettre en question ses activités historiques.


Pourtant, depuis mi-mai, plusieurs mouvements de grogne ont eu lieu. Or, si ces protestations sont restées inconnue du grand public, c’est parce qu’elles ont été étouffés par le conseil d’administration de l’entreprise, qui a exercé des pressions sur les représentants du personnel Playmobil. Motivations : ne pas ternir l’image de la firme, au risque de compromettre des ventes déjà en chute libre dans un contexte économique difficile.

Rencontré en toute discrétion avant-hier par l’un des membres de notre cellule investigation, un représentant du syndicat ultra Playmobil poing levé a affirmé avoir eu de premiers soupçons quant à l’honnêteté de la direction début mai, période à laquelle le groupe initiait la production de masques. « Un de mes amis ‘Playmobil chef de chantier’ m’a contacté le soir du 8 mai. La famille où il se trouvait venait de s’équiper de masques produits par notre société. Une nuit où tout le monde dormait, il est allé voir de plus près. Horreur et consternation : il a cru reconnaître les cheveux de sa ‘Playmobil grand-mère’ fondu dans la protection. Il m’a tout de suite appelé pour me faire part de cette terrible découverte. »


Le représentant syndical contacte alors en urgence les autres partenaires sociaux. Des enquêtes sont lancées : les figurines appartenant à des familles ayant fait l’acquisition de masques sont chargées d’enquêter et de faire remonter tout cas suspect. Une fois le recensement établi, des tests ADN leur sont transmis par des réseaux parallèles : pour les expédier, les organisations sociales utilisent la complicité de Barbies ou des Lego commandés via internet et livrés à domicile. Les prélèvements sont renvoyés suivant le même procédé aux syndicats.

Les tracts édités par les syndicats pour alerter les Playmobil ont été détruits par la direction.

Les résultats révèlent alors des faits très troublants. La ‘Playmobil grand-mère’ n’est pas celle du lanceur d’alerte. Cependant, les traces d’ADN de Playmobil retrouvés dans les masques correspondent à celles de figurines au rebut, jetées dans les déchetteries par les humains lors des grands mouvements de tri du confinement. Constat : pour réaliser les masques, l’usine Playmobil… a fait les poubelles.


« Honteux !, « Scandaleux ! », « Répugnant ! » Les qualificatifs traduisant la colère et la consternation à l’encontre de la direction n’ont pas manqué lors de la révélation de l’affaire en interne. Chacun dans leur famille, les Playmobil ont alors entamé un mouvement de grève et créé un rituel : tous les matins à 8 h, ceux-ci se sont allongés sur les moquettes des chambres d’enfant en signe d’opposition, avant de refuser de coopérer à leurs jeux en se réfugiant dès qu’ils le pouvaient dans les paniers de rangement.


Tous les matins, les Palymobil s'allongent en signe de protestation.

Face à l’afflux de contacts de familles excédées par ces comportements et à la peur de voir ses ventes s’écrouler un peu plus, l’entreprise a mis fin à ses manœuvres d’intimidation et rencontré les partenaires sociaux. Au sommaire des négociations : une transparence sur le mode de production des masques, un engagement renouvelé sur la poursuite de la production de Playmobil, une deuxième chance de vivre pour les Playmobil au rebut.

« La crise du coronavirus confronte les humains à la limite de leurs comportements consuméristes, s’indigne le représentant syndical. Alors pourquoi ne pas mettre en place des filières circulaires, qui nous permettraient d’être donnés ou vendus en seconde main à des familles n’ayant pas les moyens de nous acheter flambants neufs ? Nous rentrerions dans un cercle vertueux : pas de gâchis chez les humains, et une vie digne pour nous. »


Revendication principale : une vie circulaire.

Depuis, les négociations touchent à leur fin et la grogne sociale s’apaise. Les Playmobil coopèrent à nouveau dans les familles mais avec la reprise de l’école et la réouverture des parcs et des musées, ils sont délaissés par les enfants. « Ce dont nous ne nous plaignons pas !, témoigne une ‘Playmobil conductrice de travaux’. Tout ce mouvement nous a procuré beaucoup d’émotions. Les humains l’oublient : ce n’est pas parce que nous sommes en plastique que tout nous glisse dessus. »



(c) Quovidis / JA / LA

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