J’ai pris des gants. Bicolores, rose et orange. Ceux qui montent bien haut sur les bras. Bien épais. J’ai aussi enfilé un vieux jean qui ne craint rien, un pull plein de peinture et des chaussures tout-terrain. Le saut est à moitié plein, le balai est dans un coin, la pelle et la balayette non loin, l’éponge dans une main. J’inspire profondément. C’est parti.
J ’ai gratté, balayé, rincé, ramassé. Après plus de 2h, le balcon est nickel. J’ai ressorti mon fauteuil pliant, me suis installée confortablement et j’ai pu profiter du soleil de fin d’après-midi, un thé à la main. Veni vidi vici.
Mais je me méfie. Je sais que ce calme n’est qu’apparent. Il sera de courte durée. A peine aurais-je levé mes fesses et mon nez roussi par le soleil breton que les squatteurs à plumes vont rappliquer. Il faut que j’anticipe et élabore un solide système de dissuasion. Sans chat et avec ce que j’ai sous la main.
Le fauteuil pliant, c’est 1m² d’espace occupé. Toujours ça de pris. J’ai un morceau de grillage qui traîne, je le mets au sol dans la partie du balcon qui a la prédilection des pigeons, pour déjouer toute tentative d’atterrissage. J’ai aussi des canisses en bambou que j’avais installées l’année dernière contre la rambarde, dans l’espoir de les repousser. Ce qui fut un échec complet. Et même un affront, la volaille ayant trouvé le moyen de détourner mes fortifications en se planquant derrière, afin d’y établir son QG. Et pondre 2 œufs que j’ai mis des semaines à remarquer. Je ne pensais pas qu’un pigeon pouvait être aussi futé. Va falloir la jouer fine.
J’ai donc roulé les canisses et les ai postées à la verticale, pile dans le coin où les volatils aiment se poser pour s’abriter du vent. Désormais, la tâche devrait s’avérer nettement plus compliquée. Toutefois, par mesure de précaution, j’ai rajouté une petite chute de grillage tout en haut du rouleau pour qu’ils ne puissent poser leurs sales pattes sur les lattes. Et j'ai tendu un fil au-dessus du parapet. Paraît que ça les empêche de se poser. Ces pigeons ne connaîtront ni la paix, ni la stabilité.
Mon bastion est établi. Il n’y a plus qu’à attendre et observer. A l’heure où j’écris ces lignes, je les entends roucouler et battre des ailes juste au-dessus de moi, sur le toit. Mais j’y crois. Ces pigeons n’auront pas le dernier mot. Même si je dois y consacrer la moitié de mon confinement.
Pigeons : 1 / Anne : 1
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