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  • Photo du rédacteurAnne

Une histoire de pigeons - #3

Putains de pigeons.

Sans gêne.

Sans vergogne.

Ils sont revenus.


Je m’en suis rendue compte avant même de les voir. Je suis dans mon lit, j’émerge tranquillement et j’entends un roucoulement. Proche. Trop proche. Trop net pour me dire que les volatiles sont sur le toit. Rideaux et volets fermés, je ne les vois pas mais je le sais : ils sont sur mon balcon. MON balcon. Pas le leur. Le MIEN. Je me lève d’un bond et donne un coup dans la porte-vitrée pour les effrayer. L’effet est immédiat : battements d’ailes et gloussements s’élèvent instantanément.


Mon stratagème est inopérant. Il va donc falloir : 1-Localiser précisément la partie du balcon qu’ils convoitent. / 2-Élaborer de nouvelles défenses / 3-Continuer à mettre des chaussures pour traîner sur le balcon.


Pigeons, manchots : les volatiles envahissent mon balcon (c)Anne Recoules

Ceci dit, depuis que j’ai réinvesti l’espace, je trouve la volaille un peu moins présente. Cela faisait bien deux jours que je n’en avais pas entendu d’aussi près. Il y a tout de même du progrès. Mais ça prend vite ses aises, un pigeon. Faudrait pas qu’ils s’habituent. Déjà, j’adopte un nouveau réflexe : quelle que soit l’heure de la journée, chaque fois que je passe devant la vitre et même si je n’entends rien, je donne un coup. Au cas où. C’est plus fort que moi. Ça devient pavlovien.

Pour la localisation, si j’observe bien, les volatiles se sont posés en haut des canisses. Je repositionne donc le grillage que j’avais installé tout en haut, de manière à leur couper l’envie de venir jouer les équilibristes. Ensuite, je constate qu’ils ont également tenté une incursion sur le parapet : ils ne peuvent pas nier, ils ont laissé des preuves. Plein de preuves. Ils semblent donc toujours affectionner le bout de mon balcon, côté chambre, à l’abri du vent.


Je passe alors à l’action et tape « pigeon balcon » sur internet. Une foule d’articles évoque le sujet, j’ai l’embarras du choix et en déduis que c’est un problème majeur pour la population française. Si je pouvais, je déclarerais la lutte-contre-les-pigeons-amateurs-de-balcons « Grande cause nationale ». Mais bon, je crois qu’il y a plus urgent en ce moment...

Je dégotte un article complet et saute rapidement les premiers conseils qui proposent d’installer des pics anti-pigeons ou de ne pas les nourrir. J’hésitais entre leur ouvrir une boîte de sardines ou leur donner du pain sans gluten, ça tombe bien, me voici fixée. Ouf.

Je mets également de côté les solutions nuisibles telles que boîtier à ultrasons, spray répulsif ou naphtaline. La proposition de mettre des plaques de Plexiglas un peu partout me séduit au plus haut point mais semble délicate à mettre en œuvre : je ne vois ni comment m’en procurer, ni comment les installer sur la rambarde. Toutefois, la simple idée des pigeons qui dérapent au moindre atterrissage me laisse rêveuse et suffit à me redonner ce sourire béat que j’avais, deux jours plus tôt, alors que je contemplais mon balcon entièrement nettoyé.

Il faut donc faire avec ce que l’on a. Je suis tentée de fabriquer un moulin à vent pour les effrayer mais, avant de me lancer dans toute activité manuelle, je tente autre chose : les surfaces réfléchissantes. Mais oui, mais c’est bien sûr ! Comment n’y ai-je pas pensé avant ? En plus, je viens tout juste de trier tous les DVD-souvenirs que j’avais réalisés en Antarctique, pour la compagnie de croisières Le Ponant. J’en sacrifie deux, que j’attache à la rambarde. Puis je les observe avec satisfaction, virevoltant doucement au grès des courants d’air. Je ne suis pas sûre que les voisins d’en face apprécient de se prendre des reflets dans les yeux mais comme ça, je fais d’une pierre deux coups : j’éloigne les pigeons et la curiosité des voisins. En plus, depuis mon bureau, je peux voir la face imprimée des DVD et profite d’un manchot qui se balance sympathiquement sous mon regard.


Manchot papou anti-pigeons (c)Anne Recoules

Je pense que je tiens la bonne solution. Il faudra juste que je déplace les DVD de temps en temps, pour que les bestioles ne s’habituent pas à leur présence. Ça prend vite confiance, un pigeon. Mais il faut qu'ils se rendent compte que moi aussi, j’ai confiance... dans mon nouvel arsenal de défense.

Pigeons : 1 / Anne : 2

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