Avant le début du confinement, je détestais les pigeons.
Après 15 jours, je les hais.
Je confine toute seule dans mon appartement. Je ne suis pas à plaindre, bien au contraire : 52m², trois pièces, de grandes baies vitrées, deux balcons, une jolie vue, de quoi m’occuper des mois et pas d’enfants. Si l'on omet le fait que je n’ai ni eau chaude ni chauffage depuis deux mois, ce sont des conditions idéales. Si l’on omet le voisin qui s’est découvert une vocation de ténor ces deux dernières semaines, c’est le calme absolu. Si l’on omet les pigeons qui louchent sur mon balcon, c'est parfait.
Mais il y a des pigeons. Plein de pigeons. Trop de pigeons.
Et ces oiseaux adorent mon balcon. Plus particulièrement le seul qui bénéficie d'un peu d'ensoleillement, l’après-midi. Confinement oblige, je tiens à profiter du soleil, ne serait-ce 15 minutes par jour. Sauf que les lieux sont bannis : mon balcon est constellé. Submergé. Envahi. Englouti. Impraticable sans gants en plastique, bottes en caoutchouc et combinaison ignifugée.
Le décor est apocalyptique (je vous ai épargné la photo, choquante pour les âmes sensibles) : sur la rambarde, les rebords et le sol, tout n’est que taches blanches ou grisâtres, plumes et concrétions douteuses. Dans un coin trône un ENORME tas compact de brindilles et fientes séchées, vestige d’un nid où deux œufs ont tenté un jour d’éclore. Avec succès. Mais peu de viabilité (à mon grand regret, vous vous en doutez). Durant mon absence l’année passée, ces gris volatils ont eu tout le loisir d’établir leur résidence secondaire sur mon balcon. Sans même proposer de payer une part du loyer...
C’est un champ de bataille. Si je veux m’y poser, il va falloir tout nettoyer. Et, surtout, faire en sorte que ces maudits piafs ne reviennent pas. J’ai tout mon temps. Le confinement ne fait que commencer. La lutte aussi. Elle sera sans merci.
Pigeons : 1 / Anne : 0
Il te faut un chat......